Les premières tables de cotation en Nage avec Palmes

J'ai toujours été attiré par la cotation des performances. Dès que j'ai appris l'existence du décathlon j'ai voulu savoir comment on pouvait attribuer des notes aux performances des athlètes. Dans mon blog sur l'athlétisme j'explique comment à partir des résultats des Jeux de Melbourne en 1956 j'ai pu reconstruire l'essentiel des tables du décathlon à l'âge de 10 ans. Il a fallu attendre de nombreuses années avant de pouvoir mettre la main sur un exemplaire des tables de cotation. Mais, quand j'ai enfin pu comparer mes calculs à ce que prévoyaient les tables, j'ai été étonné par le fait que mes résultats naïfs, sans outils mathématiques sophistiqués, étaient déjà très bons. 

La première table de cotation en Nage avec Palmes ne m'appartient pas. Elle est l'oeuvre de A. Bilis, J.-L. Kervinio et D. Lanouzière et fut proposée en 1982. Elle a la structure d'une table traditionnelle sur mille points. Elle a été construite de façon à ce que le record du monde corresponde à 880 points. Par contre, et ceci est souvent le point faible des tables, la partie basse de la table a été fixée avec moins de soins. 


A tel point que la vitesse moyenne sur 800 m est inférieure à celle du 1500 m pour une cotation de 1 point. Ce n'est pas le seul point faible de la table BKL. Dans mon mémoire publié en 1984 je présentai une analyse détaillée de la table BKL et ses incohérences. Toutefois je soulignais que le point fort de cette table était qu'elle existait. Ainsi elle pouvait servir en attendant des améliorations. Celles-ci n'ont pas tardé puisqu'en 1984 je proposai pas seulement des corrections à la table BKL mais aussi une nouvelle table, basée sur des notions de physique. Comme je disais dans l'article sur l'histoire des tables de cotation, la quantité qui doit jouer le rôle principal n'est pas le temps mais la vitesse, même si la performance de l'athlète est enregistrée comme un temps.


La table proposée en 1984 était régie par une loi linéaire. La (simple) formule mathématique était


 


où p est le nombre de points, v la vitesse moyenne et a, v_0 deux paramètres. Au vu de la formule il est clair que v_0 est la vitesse pour laquelle on attribue zéro points. Le point supérieur de la table a été fixé après une analyse statistique des résultats de championnats d'Europe et du Monde, sans être basée sur le seul record du monde. Pour le point inférieur une analyse du rendement énergétique a montré que la vitesse v_0 devait être grosso modo la moitié de la vitesse correspondant à mille points, ce rapport étant plus petit pour les épreuves d'immersion. 

Pour ces dernières j'avais repris un point fort des tables BKL, celui du croisement. En effet un nageur débutant, est moins à l'aise lors des épreuves en immersion par rapport à la surface. Le contraire est vrai pour un nageur expérimenté. Donc la même performance doit obtenir moins de points en surface par rapport à l'immersion dans la partie basse de la table, alors que le contraire est vrai dans la partie haute. Du coup quelque part, au milieu de la table les deux tendances se croisent et la même performance obtient le même nombre de points en surface et en immersion. 


Je ne donnerai pas plus de détails sur cette table. Elle a été utilisé en Nage avec Palmes depuis 1985 et jusqu'en 2001, voire un peu plus longtemps (j'y reviendrai). A mes yeux son avantage principal, outre une bonne cohérence et une mise à jour régulière, était le fait qu'elle était basée sur une simple formule mathématique qui permettait qu'elle soit incorporée aisément dans des programmes de gestion de compétitions. Et la période en question était justement le moment pour la Nage avec Palmes de s'affranchir du traitement manuel des compétitions et entrer dans l'ère de l'informatique.